Prendre une licence d’action prenant place dans la pègre japonaise et la mixer avec les codes du J-RPG. Voilà quelque chose d’osé ! C’est pourtant le pari, un peu fou, prit par Ryu ga Gotoku, qui nous offre ici une vision totalement déjanté, ainsi qu’un potentiel nouveau départ, pour leur série fétiche. Nous pouvons remercier le Dragon de Kojima pour ses longues années de services. Désormais, c’est sur le naïf Ichiban Kasuga qu’il faudra compter. Pour cela, place à Ichinjo ! Un nouveau quartier aussi enivrant (si ce n’est plus) que le Kamurocho des épisodes précédents.


Cette critique a été réalisée à partir d’une version Playstation 4 offerte par le distributeur.


Je te tapes, tu me tapes…

Commençons par le commencement : a qui s’adresse ce titre ? La question n’est pas anodine. Car si les néophytes trouveront ici une jolie porte d’entrée pour s’embarquer dans la licence, les fans de la première heure risquent d’y retrouver une amertume certaine. En effet, exit les combats en temps réel façon arcade, et bienvenue au tour par tour, qui surprend autant qu’il ravi (pour ma part du moins).

Ce changement a d’abord été pensé comme une blague pour surprendre les joueurs. Les développeurs ont réalisés une vidéo pensée à l’origine pour le 1er avril 2019. Ils étaient alors persuadés de faire rire leur communauté de fans et les surprendre. Mais ce n’est pas vraiment ce qu’il s’est passé : les joueurs ont répondus positivement à cette « farce » et ont exprimés leur désir de voir un Yakuza façon J-RPG. Ni une, ni deux, le studio a changé son fusil d’épaule pour proposé une nouvelle recette : celle du tour par tour.

Ce pari, osé, fait pourtant mouche. L’univers de la licence s’adapte parfaitement à genre du RPG et se permet même d’en parodier la plupart des codes. Ainsi, pour « changer de classe », il suffit d’aller à l’équivalent de Pôle Emploi. Lancer une invocation en combat consiste à appeler un ami avec son smartphone. Enfin, les potions et autres remèdes sont remplacés par des plats du quotidien japonais (onigiris, ramens, etc.). À l’instar des anciens épisodes, en somme. Tout est pensé pour satisfaire le joueur fan de RPG. Au point même que le héros principal, Ichiban, se revendique agir dans la vrai vie comme le ferai le héros de Dragon Quest.

Yakuza : Like A Dragon se révèle être un titre respectueux du genre qu’il parodie, jonglant entre hommage et autodérision !

Si le titre est de qualité, tout n’est pas rose non plus. En effet, comme cité plus haut, le parti-pris du tour par tour s’étant fait relativement tardivement, on constate que le système proposé ici n’est pas forcément le meilleur qui existe. Peut-être dû à ce revirement soudain ? Qui sait. Toutefois, on constate que Persona 5 est passé par là, et que le studio s’en est inspiré. En effet, les joutes se révèlent fluides, actives et dynamiques. Et ce n’est pas pour nous déplaire, puisque les combats dans le jeu sont excessivement nombreux.

Si nombreux, même, qu’un mode automatique a été ajouté pour celles et ceux qui souhaitent être plus passif. Les rixes tentent de rendre le joueur plutôt actif en proposant d’appuyer au bon moment sur certaines touches pour maximiser les dégâts des attaques. Cette idée semble plutôt bonne sur le papier. Dans les faits, ce n’est pas encore très bien optimisé pour être pleinement efficace.

Pour clore la thématique des combats, il en ressort donc que cette tentative est loin d’être parfaite. Toutefois, elle s’engage clairement dans la bonne direction. Disons plus simplement que Yakuza : Like A Dragon est une transition parfaite qui déroule le tapis rouge aux futurs titres de la saga. Surtout si Ryu ga Gotoku décide de poursuivre dans cette voie.

On change la forme, pas le fond !

Cet opus nous place donc dans la peau d’Ichiban Kasuga. Après avoir fait dix-huit ans de prison, il se voit abandonné par son clan et se retrouve seul dans un monde qui a évolué sans lui. Difficile dans ces conditions de se reconstruire lorsque la seule famille qui lui reste le renie. Vous vous en doutez, il se retrouvera, de fil en aiguille, embarqué dans une aventure qui le dépassera très vite.

Si une chose n’a pas changé, c’est bien le côté décalé de la série. L’aspect propre à la licence est ici conservé, bien qu’un poil plus « délirant » à mon sens. Ainsi, on jonglera souvent entre quêtes poignantes et défis ridicules. Agissant parfois comme un vrai ascenseur émotionnel, j’ai adoré me perdre dans les rues d’Ichinjo et de voir les différentes histoires des personnages évoluant à nos côtés. Surtout que le jeu ne nous laisse pas forcément le temps de respirer. À peine pensons-nous le connaître qu’il nous sort une nouvelle mécanique pour pomper encore plus de notre précieux temps. C’est frais, c’est généreux, c’est gourmand !

Lorsque vous en avez terminé avec l’optimisation de vos héros, il reste toujours possible de se perdre dans les nombreux activités du quartier. Le ramassage de canettes, les karaokés et le « Dragon Kart » (dont le nom parle de lui-même) ne sont là que quelques-uns des multiples à-côtés que propose l’aventure. Dur donc de s’ennuyer avec un contenu aussi vaste. Mais soyons pragmatiques ! Si vous êtes un fan de longue date de la saga et que vous détestez les J-RPG, je ne pense pas que Lika A Dragon et son contenu ne soient suffisants pour vous inciter à vous y mettre.

Yakuza : Like A Dragon est donc une petite pépite qui a réussi à surprendre son monde avec un pari audacieux qui fait mouche. Certes, il est loin d’être parfait, notamment dans son système de combat. Néanmoins, il préfigure du très bon pour la suite, surtout si le studio souhaite continuer dans la voie du J-RPG. Les dialogues sont toujours aussi savoureux. Les quêtes annexes prenantes. L’humour déjanté nippon est, lui aussi, au rendez-vous (du moment que cet humour fonctionne sur vous). Ryu ga Gotoku signe là un titre convaincant et qui nous envoie une claque de fraîcheur en plein visage, ce qui fait que je lui pardonne volontiers ses petits travers. Tous les codes du RPG sont là ! Parfois parodiés, parfois sublimés, le tout se veut un régal à lire, entendre et jouer. De plus, son ouverture et sa bienveillance envers les néophytes en font un excellent titre pour découvrir cette merveilleuse licence. Bref, achetez-le !

Auteur

Rédacteur lambda, simplement passionné par le jeu vidéo. J'avais déjà un pad dans le ventre de ma mère et je suis né en avance grâce à un cheat code.

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