Annoncé récemment et avec la belle surprise de savoir qu’il s’agit de Yoko Taro (Drakengard, Nier) aux commandes et Keiichi Okabe à la musique, Voice of Cards The Isle Dragon Roars se présente avec une proposition intéressante. Ici, nous reprenons les codes du jeu de rôle papier, mais représenté entièrement sous formes de cartes. On se glisse alors dans une aventure atypique qui tranche un peu avec ce qui se fait actuellement. Sans avoir l’étoffe d’un « gros » jeu, ce titre prend au moins le parti de proposer un peu de changement. Mais y arrive-t-il sur le long terme ?


Cette critique a été réalisée à partir d’une version Playstation 4 offerte par l’éditeur !


Scénario

Un récit du héros plutôt classique !

Voice of Cards The Isle Dragon Roars est une oeuvre qui revisite à la façon de son créateur le classique récit du héros, et reprend pour cela la plupart des codes qui ont fait les beaux jours du genre RPG. Il est à noter que si je parle d’un jeu « de cartes », il n’est pas question ici de mélange de decks, de pioche, de défausse, de deckbuilding, etc. En vérité, le concept de présenter le jeu sous forme de cartes n’est qu’une question d’habillage et se veut donc purement esthétique. N’achetez donc pas le jeu en pensant acquérir un « Hearthstone made in Yoko Taro ». Vous seriez déçu !

Un terrifiant dragon sème le trouble dans le royaume ! Pour contrer cela, la Reine mandate tous les aventuriers du coin et promet une grasse récompense à quiconque pourra tuer le reptile ailé. Attiré par cette promesse de richesse, notre héros Aragon, accompagné de son ami bestial Lazuli, décide alors partir en quête du monstre pour le tuer.

Bien conscients qu’à seulement deux, ils ne vont pas aller bien loin, nos amis décident alors de monter un groupe d’aventuriers afin de gagner en force et augmenter leurs chances de victoire. C’est ainsi que vous devrez partir sur les routes pavés de cartes pour explorer, commercer, combattre et faire progresser vos personnages.

En soi, le scénario n’est pas vraiment folichon. En revanche, la manière choisie pour nous le raconter, à savoir un narrateur omniprésent qui commente tout ce que nous faisons, est très plaisant. Cette voix qui ne nous quitte jamais s’autorise même quelques blagues et c’est très satisfaisant de se laisser guider à la manière d’un JdR papier. Les traits d’humour, placés çà et là, donnent assez de peps à cette aventure qui se veut finalement très classique.

Mécaniques

Jouons cartes sur table !

Les mécaniques de Voice of Cards restent dans un registre tout aussi classique que le scénario. C’est très simple, les flèches nous permettent de nous déplacer sur une zone de jeu composée de cartes faces cachées. Dès lors que notre héros (symbolisé par un pion), se trouve sur une carte/case, les adjacentes se dévoilent, révélant ainsi si un personnage se cache dessous, un piège, un trésor, etc.

Tous les lieux, donjons, villes, châteaux, chemins, sont donc représentés de cette manière. Comme dans n’importe quel autre J-RPG, vous devrez donc explorer, discuter avec des personnages, accomplir des quêtes, et modifier l’équipement de vos héros pour les rendre plus fort. Comme je l’évoquais plus haut, tout ceci est très classique, mais le fait d’avoir des scènes aussi simples narrées et illustrées avec de jolies cartes donnent envie d’en voir plus et fait plaisir aux yeux.

Il est également possible de débloquer des bribes d’informations dans la section « Collection » du menu. Tout le monde étant représenté sous forme de carte, vous pouvez donc les collecter et ainsi obtenir de plus amples informations sur divers personnages. Ce petit côté collectionnite ne comblera que celles et ceux qui souhaitent en apprendre plus sur le lore et les PNJ. Les autres voudront très probablement expérimenter le système de combat proposé par le soft. Malheureusement, celui-ci souffle le chaud comme le froid.

Encore une fois, nous restons dans un classicisme convenu pour ce qui est des joutes. Nos héros font face à des adversaires et différentes attaques et sorts peuvent être lancés en choisissant les cartes correspondantes. Certaines ne coûtent rien, et d’autres demandent de dépenser des gemmes (des cristaux de mana, quoi) qui s’accumulent au rythme d’une par tour. Il faut donc composer efficacement et avec les faiblesses et résistances des ennemis pour remporter la bataille.

On pourrait penser à juste titre que c’est ici que le jeu pourrait briller… Malheureusement, c’est plus un trompe-l’œil qu’autre chose. En effet, les combats sont assez lents dans l’ensemble et ne font preuve de pas beaucoup de profondeur. N’imaginez donc pas des combats épiques avec de la stratégie affinée et de l’optimisation de compétences et de statistiques. Non. Ici, toutes les mécaniques que l’on peut connaître revêtent leur plus simple appareil.

Si le jeu est visuellement beau et donne envie de le poursuivre, il en est différemment dans ses mécaniques de jeu. J’ai eu du mal à m’accrocher sur le long terme tant j’ai éprouvé une certaine sorte d’ennui concernant les combats. En plus, ceux-ci se déclenchent de façon aléatoire, comme à l’époque. Donc, lorsque l’on tombe sur une succession de combats pas vraiment difficiles et plutôt mous, eh bien s’installe une redondance qui a bien entaché mon optimisme de départ.

Ce constat peut d’ailleurs s’appliquer à l’entièreté du jeu, qui est « lent » d’une manière générale. Les déplacements cases-par-cases peuvent parfois déclencher des événements involontaires, car le fait de se déplacer en diagonale est souvent source d’erreurs de trajets. Ce n’est pas bien grave en soi, mais j’aurais préféré de ce genre de petites coquilles soient moins présentes.

Direction Artistique

Vous l’aurez probablement compris en me lisant, la direction artistique est le cœur de Voice of Cards. Cette esthétique façon cartes à jouer jusque dans ses moindres recoins (les menus, le système de jeu, les dialogues prennent tous un aspect cartes) fait plaisir et flatte l’œil. Franchement, je n’ai pas grand chose à redire sur ce point. Du coup, c’est vraiment dommage que les mécaniques ne suivent pas cette dynamique.

À la musique, on reconnaît très bien la patte de Keiichi Okabe qui reste dans les tons intimistes au piano. Le contrecoup est qu’hormis le thème général du jeu qui reste en tête, l’OST globale se place plutôt en retrait, et ne dégage pas vraiment de thèmes solides. Qu’importe, cette musique-ci colle parfaitement avec cette esthétique-là, et c’est cela qui est le plus important au final.

Conclusion

Que dire donc de Voice of Cards The Isle Dragon Roars ? En définitive, le jeu propose une expérience qui casse un peu les codes que nous connaissons, mais il le fait plus d’une manière esthétique que mécanique. En d’autres termes, il est beaucoup plus efficace dans la forme que dans le fond. Pour le reste, ne boudons pas notre plaisir ! Car si le jeu reste assez timide et prône une expérience très « classique », on peut dire sans trop s’avancer que c’est du « bon classique ». Pas de fioritures ici, pas d’extravagances, juste de l’efficacité mais dont le manque d’innovations pourra en faire bouder certains. Pour les autres, vous avez là un « petit jeu » (sans rien de péjoratif, mais ne vous attendez pas à un blockbuster non plus), qui fait le job, qui vous fera décrocher des sourires et qui parviendra à vous embarquer avec succès dans son univers « cartelé ». En résumé, il fait peu, mais il fait bien !

Auteur

Rédacteur lambda, simplement passionné par le jeu vidéo. J'avais déjà un pad dans le ventre de ma mère et je suis né en avance grâce à un cheat code.

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