Longtemps considéré comme enterré, le genre du live-action (FMV pour les plus anciens) tente depuis quelques temps une « repercée », notamment aidé par les technologies actuelles, beaucoup plus favorables au genre que depuis les années 80-90. Aujourd’hui, nous allons parler d’une tentative ma foi fort réussie de Square Enix en la matière, avec l’intrigant The Centennial Case : A Shijima Story ! Sortez vos calepins, on va mener l’enquête !


Cette critique a été réalisée à partir d’une version Playstation 5 offerte par l’éditeur !


Scénario

Une affaire centenaire !

Une fois n’est pas coutume, la partie « scénario » de cette critique sera bien plus longue que la partie mécanique. En effet, le concept du live-action se base sur des procédés cinématographiques et narratives (à l’instar d’un visual-novel). De fait, le soin apporté à l’écriture et à l’intrigue sera le point déterminant de votre achat (ou pas).

Nous sommes en 2022, et nous suivons une jeune auteure en la personne d’Haruka Kagami qui rédige des romans policiers à succès. Dans ses derniers travaux, elle a bénéficié de l’aide de deux proches amis, à savoir son éditrice qui l’accompagne en permanence, et surtout Eiji Shijima, chercheur en biologie cellulaire. Ce dernier va d’ailleurs lancer l’intrigue du titre car, comme l’on peut s’en douter, son nom de famille (Shijima) est celui dont on parle lorsque l’on évoque « A Shijima Story« .

Eiji va venir interpeller notre héroïne sur une macabre découverte : des ossements ont été découverts au sein du domaine familial. À qui appartiennent ces os ? S’agit-il d’un meurtre ? Le corps est-il celui d’un Shijima ? Avant que la police ne viennent donner des réponses à ces questions, Haruka est conviée à se rendre sur place afin d’exercer ses talents d’observatrice et, éventuellement, trouver de l’inspiration pour un futur projet.

L’entièreté du titre va donc s’axer autour de la famille Shijima, mais aussi d’un étrange fruit lié à l’histoire familiale, qui serait en mesure d’accorder la vie éternelle à qui le mange. Une touche de surnaturel sur intrigue policière : voilà ce qui vous attend dans The Centennial Case.

Le principe narratif s’articule autour de multiples flash-back à travers le temps. Ainsi, l’histoire débute en 2022, mais proposera des scènes qui reviendront près d’un siècle en arrière.

Il y a donc beaucoup de personnages et, logiquement, de noms à retenir. Toutefois, Square a pensé à une astuce pour éviter les lourdeurs et la fatigue mentale : ne pas changer les acteurs. En résulte que les mêmes acteurs jouent les différents personnages des différentes époques. Si cela peut paraître étrange au début, c’est en réalité très malin et permet au spectateur de mieux se représenter les « rôles » des protagonistes. De plus, c’est très bien implémenté scénaristiquement, il n’y a donc pas de dissonance sur ce point.

Concrètement, l’écriture est très soignée et se déguste vraiment avec plaisir. Moi qui étais plutôt sceptique au lancement du titre doit me raviser aujourd’hui : ce dernier tient ses promesses. Tant sur le plan du scénario que du développement des personnages et la manière dont est abordé la mise en scène. Si le ténor du barreau « Phoenix Wright » devait avoir une adaptation live-action, alors elle pourrait complètement prendre le socle de The Centennial Case.

Reste le jeu d’acteur qui pourra cliver, car si vous n’êtes pas habitué au jeu asiatique (et aux codes japonais qui plus est dans ce cas précis), alors certains silences phrasés, certains appuis de gestes et certains choix de mise en scène pourront vous surprendre. Pour les habitués, reste que casting est de qualité est que les prestations scéniques sont tout simplement excellentes. C’est un réel plaisir de suivre cette intrigue tout au long des années.

Je précise quand même que si vous observez certaines images en anglais, le jeu est bel et bien sous-titré en français. C’est dit !

Mécaniques

Géleuil et Lebon !

Une grande partie du titre, vous l’avez compris, consiste à regarder un film. Lorsqu’un élément important apparaît ou qu’un événement notable survient, alors le jeu vous précise qu’il met ledit élément de côté. Cette première mécanique permet de stimuler votre cerveau (« Ah ! Ce truc est important« ) tout en vous évitant des prises de notes intempestives.

La première des règle du titre est de ne jamais avoir à vous faire quitter l’action des yeux. En découle une ergonomie assez pratique et satisfaisante qui permet de se focaliser entièrement sur ce qu’il se passe à l’écran. Vous pouvez également mettre pause à tout moment, revenir en arrière, en avant, sur les côtés, en diagonale, dans des menus… Bref, le lecteur vidéo fait le job et permet un contrôle total sur le visionnage (notamment si vous voulez stopper l’action pour observer correctement une scène).

Pour le reste, le jeu propose une autre phase qui se rapproche beaucoup plus d’un visual-novel, et qui fait également tout le sel du titre selon moi : la phase de raisonnement. Le concept est le suivant. Un événement majeur vient de se dérouler (un meurtre, par exemple), et il faut alors émettre des hypothèses afin de s’approcher de la vérité.

Se dessine alors une « route de la logique », représentée par un amoncellement d’hexagones (voir image de la partie scénario plus haut). L’objectif est de sélectionner un sujet de l’intrigue et de développer des pistes autour de ce sujet qui vous conduiront à des hypothèses. Cela se fait à la manette, en revenant sur la bonne séquence du film et en plaçant un hexagone dans le socle qui lui correspond.

Au fur et à mesure de résoudre tous les éléments importants de l’intrigue, vous pourrez débloquer de nouvelles pistes (parfois que je n’avais même pas imaginé). Dès que vous avez terminé, alors se passera la phase de résolution. Vous reviendrez dans le film et devrez exprimer vos hypothèses et/ou vos accusations. En sachant que dans ces phases-là, une erreur déclenche une mauvaise fin et vous conduit sur un « simili game-over » (mais bon, vous pouvez en réalité recommencer autant de fois que vous le voulez, cela changera uniquement la note de score en fin de chapitre).

Encore une fois, je dois ravaler ma fierté et admettre que, si j’avais pas mal de réticences sur ce système, surtout durant les phases « tutos », cela fonctionne très bien durant les chapitres plus fournis et dont l’action et beaucoup plus intense. Cela permet, en outre, d’émettre des théories inimaginables autrement, tant ce système est fait pour conditionner votre train de pensées. C’est bien exécuté, bien mis en scène, même si la maniabilité se fait avec pas mal de lourdeur et de lenteur. Dynamiser le tout sur une éventuelle suite ne serait pas de refus.

Conclusion

The Centennial Case : A Shijima Story ranime d’une belle manière le live-action. Une intrigue aux petits oignons, des personnages très bien écrits et, surtout, fort bien interprétés font de lui un petit bonbon qu’il est très agréable de parcourir. Surtout à plusieurs, favorisant les imaginaires multiples, chacun y allant de sa petite théorie. Le scénario est prenant et le fait de suivre cette histoire au fil d’un siècle permet de renforcer cette fascination pour la famille Shijima et leurs codes. Le fait de conserver les acteurs entre les époques est également une excellente idée, simple et rusée à la fois, qui permet aux acteurs d’exprimer leurs talents sur un panel de protagonistes aux apparences et aux mœurs variés. Bref, si vous souhaitez du polar, du surnaturel, de l’intrigant et du bon acting, alors vous pouvez foncer.

Auteur

Rédacteur lambda, simplement passionné par le jeu vidéo. J'avais déjà un pad dans le ventre de ma mère et je suis né en avance grâce à un cheat code.

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