Le genre du Magical-Girl se trimballe souvent une réputation d’anime réservé aux enfants, et en particulier aux petites fille (bon, j’avoue avoir adoré regarder Magical DoRéMi étant plus jeune… C’était trop bien !). Ici, la proposition du studio Gust sur ce Blue Reflection : Second Light, c’est justement de se saisir de ces codes précis et d’en proposer une lecture qui tranche avec les habitudes. Mélanger les genres et proposer un récit intimiste : voilà ce qui vous attend dans ce J-RPG atypique !


Cette critique a été réalisée à partir d’une version Playstation 5 offerte par l’éditeur !


Scénario

Des vacances inoubliables… Quoique !

Le jeu nous place dans la peau d’Ao, une jeune lycéenne dont la vie bascule du jour au lendemain. Lors d’une balade, elle se rend compte de la perte de son smartphone. Elle décide de revenir sur ses pas afin de le retrouver, ce qui d’ailleurs arrive. Sauf qu’au moment de s’en saisir, tout bascule. Le flou, le blanc total, et puis plus rien !

À son réveil, Ao se retrouve au sein d’une université japonaise. Seule ? Pas vraiment, puisque plusieurs autres étudiantes l’accueillent et avouent s’être retrouvées dans la même situation. Toutes ont pour point commun de s’être réveillées seules dans cette école étrange et sans aucun souvenirs de leurs passés. Pire, lorsque les nouvelles amies tentent de sortir du bâtiment pour s’échapper, elles se retrouvent nez à nez avec une vaste mer qui semble infinie.

Seules, perdues au milieu de rien ! Plusieurs choses étranges se produisent, notamment l’apparition soudaine de lieux étranges (baptisés Hearthscape). Ces endroits débarquant de nulle part semble cacher des fragments de mémoire de chacune des héroïnes. Il va donc falloir explorer ces zones de fonds en combles pour tenter d’en apprendre plus et découvrir les mystères qui entourent cette école atypique. Pourquoi ? Comment ? Par qui ? Voilà les questions qui trouveront une réponse au fur et à mesure de votre progression dans le scénario.

Très honnêtement, je m’attendais à un scénario assez creux, se contentant du minimum afin d’être prétexte à proposer un énième jeu avec de jeunes lycéennes. Soyons clair : je me suis mangé une petite claque. Le scénario est éminemment plus profond que ce que l’on pourrait imaginer aux premiers abords. Gust surprend avec un récit intimiste et introspectif, tout en utilisant les codes du Magical-Girl.

Du coup, on peut regretter l’absence d’une traduction française, car comme tout bon RPG qui se respecte, les boîtes de dialogues sont nombreuses. Le niveau d’anglais n’est pas forcément très poussé, mais tout de même. Avoir des bases solides est nécessaire pour savourer le titre à sa juste valeur. Pour le reste, l’histoire se suit avec envie et curiosité, et si certaines scènes m’ont parues très inégales, le tout est consistant et se savoure très bien.

Si vous accrochez au principe, alors vous passerez un excellent moment narratif avec ce Blue Reflection : Second Light.

Mécaniques

Toutes pour Une, Une pour Toutes !

Un aspect important dans tout bon J-RPG tour-par-tour, c’est son système de combat. Encore une fois, Gust surprend et propose quelque chose qui ne réinvente pas l’eau chaude, mais qui allie dynamisme, scoring et bonne tension lors des différents combats.

Le principe repose sur une mécanique semblable à Grandia, pour celles et ceux qui connaissent. Toutes les héroïnes ont un marqueur qui avance le long d’une droite avec le temps. Cette droite est segmentée en plusieurs paliers, et plus vous attendez longtemps, au risque de devenir une proie facile, et plus vous aurez la possibilité de lancer une attaque puissante.

À cela, il faut ajouter un système de combo, qui augmente au fur et à mesure des chaînes d’attaques sans interruption. Le tout mélangé fait qu’il est très simple et surtout très conseillé de faire grimper ces combos rapidement. En faisant cela, les dégâts peuvent vite être multipliés par… Beaucoup ! Il est crucial de comprendre cette mécanique, puisque c’est elle qui vous fera suer pendant les combats de boss ou qui vous facilitera la tâche.

Rassurez-vous néanmoins, le jeu n’est pas difficile outre mesure, et une bonne compréhension des outils et des mécaniques que le jeu vous propose suffira à le parcourir sans gros obstacles. Pour le reste, c’est surtout la « vie étudiante » qui occupera votre autre temps de jeu.

Quand je dis vie étudiante, n’allez pas croire que vous allez vous retrouvez face à un Persona 5 afin gestion du travail, itou itou. Non, ici, place à la solitude et surtout aux interactions sociales. Votre objectif premier sera de mieux apprendre à connaître vos partenaires en réalisant des quêtes et autres discussions pour faire grimper vos niveaux d’amitiés. En conséquence, cela aura également une incidence directe lors des combats, il ne faut donc pas négliger cette partie là.

Alterner entre les phases explorations/combats et, justement, ce côté social qui développe les héroïnes et qui permet de réinvestir l’école petit à petit en construisant de nouvelles salles, voilà tout le cocktail proposé par Blue Reflection : Second Light.

Direction Artistique

La direction artistique du titre souffle un peu le chaud et le froid, mais tout dépend de quel côté de la lorgnette on souhaite se placer. Objectivement, c’est vrai, le moteur graphique est daté et nous ne sommes pas face à une prouesse technique et visuelle. De l’autre, les environnements proposés sont enchanteurs, et on prend plaisir à explorer ces Hearthscapes étranges qui jonglent entre onirisme et réalisme. Gardez en tête que vous venez chercher un « univers artistique » et non une « prouesse technique ».

La bande-son s’inscrit dans la même lignée. Personnellement, j’ai beaucoup adoré. Les pistes reflètent le côté intimiste de l’aventure et se veulent douces, mélancoliques et bucoliques. Je regrette simplement de ne pas sentir de vrais thèmes forts se dégager dans cette bande originale. Qu’importe, pour le reste, le jeu parvient à séduire avec bien peu de choses. Et c’est déjà pas mal !

Conclusion

Blue Reflection : Second Light tente le pari de mixer univers de Magical-Girl et codes d’aventures intimistes. L’écriture y est soignée, le scénario maîtrisé et avec assez de surprises pour maintenir l’accroche du joueur. L’univers est aguicheur et donne envie de toujours en voir plus. En revanche, je peste un peu contre le fan-service, propre aux jeux de ce type qui, entre deux scènes poignantes, casse le rythme en proposant des plans de caméras un peu trop osés, ou des séquences piscines en maillots de bain pas vraiment utiles. Pour le reste, le titre est visuellement daté et cela ne plaira sûrement pas à tout le monde, mais si vous parvenez à passer outre et à creuser un peu plus le fond du propos, vous tomberez sur une œuvre profonde et introspective qui ne manque pas de charme et qui possède une surprenante part d’ombre. Cela fait plaisir de voir Gust sur d’autres registres que leur série traditionnelle Atelier, plus colorée et fantaisiste.

Auteur

Rédacteur lambda, simplement passionné par le jeu vidéo. J'avais déjà un pad dans le ventre de ma mère et je suis né en avance grâce à un cheat code.

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