Série déjà connue des amateurs de jeux vidéo de stratégie, la saga Anno, éditée par Ubisoft, tente aujourd’hui une embardée par la case jeu de plateau. Stratégie et plateau étant deux mondes qui s’entendent généralement bien, il va de soi que j’étais très intrigué par ce que ce titre était en mesure de proposer. Au final, il en ressort une expérience plus que positive, mais qui ne s’adressera peut-être pas à tout le monde. Creusons un peu plus cette adaptation Anno 1800 !


Cette critique a été réalisée à partir d’un exemplaire offert par IELLO Games !

Âge : 12 ans et + – Durée de jeu : ~ 1h30 – 2h – Joueurs : 2 à 4 joueurs


Anno 1800 et la chaîne de production !

L’objectif principal d’Anno 1800 est de devenir le meilleur joueur et d’établir des règles commerciales suffisamment solides pour se développer et, à terme, déposer toutes vos cartes sur la table. Pour cela, il faudra faire preuve de ruse, de commerce (même avec vos ennemis) afin de développer votre artisanat ainsi que vos chaînes de productions. Cela vous mettra donc en position confortable pour vous développer sur d’autres secteurs, et donc construire de nouveaux bâtiments, navires, etc.

À la base de tout travail et de toute chaîne de production, il y a vos citoyens. Ceux-ci, comme dans toute société, sont répartis entre plusieurs classes sociales. Nous retrouvons donc les fermiers, les ouvriers, les artisans, les ingénieurs, etc. Au fur et à mesure du jeu, il sera possible de leur faire prendre l’ascenseur social pour, par exemple, transformer un fermier en ouvrier, ou un artisan en ingénieur.

Cette notion est importante, puisque ce sont vos citoyens qui iront travailler au sein de vos usines et qui serviront à produire des matériaux ou des denrées alimentaires. Ces mêmes matériaux auront plusieurs utilités. Ils pourront tout d’abord satisfaire vos citoyens, ce qui vous autorisera des actions supplémentaires ou encore des bonus. Dans un second temps, vous pourrez vous en servir pour acheter ou bâtir de nouvelles infrastructures.

Construire de nouveaux bâtiments augmentera vos denrées disponibles, pour peu que vous y envoyiez plusieurs travailleurs. Cependant, tous les bâtiments n’acceptent pas tous types de citoyens. Un fermier, par exemple, ne peut pas entrer dans un atelier réservé aux ingénieurs. Commencez-vous à voir un peu le principe du jeu ? Le but sera de rendre homogène votre plateau de jeu, de combler vos citoyens correctement et de vous développer toujours plus.

Surtout que vous ne pouvez jouer qu’une « grosse « action par tour, il ne faut donc pas vous louper. Bon, dans les faits, il est possible de réaliser plus d’actions que cela, mais sous certaines conditions.

Les mécaniques du jeu sont conçues pour inciter à l’action. Théoriquement, on ne peut donc réaliser qu’une seule action par tour, comme cité précédemment. Toutefois, et grâce aux cartes personnages et citoyens, il est possible de réaliser plusieurs actions en un seul tour, voire de jouer plusieurs tours d’affilés.

Pour gagner, il faudra satisfaire les besoins de vos citoyens, et ceux-ci vous demanderont des ressources précises pour ce faire. Des ressources tellement précises qu’en fait vous ne les aurez même pas en début de jeu. C’est cette mécanique qui vous forcera à commencer à vous développer pour obtenir lesdits matériaux. Un citoyen désire du chocolat ? Eh bien il faudra construire une usine de chocolat et envoyer quelqu’un y travailler pour en obtenir.

Les travailleurs sont en nombre limité, ce qui ne permet pas d’être au four et au moulin. Il faut parfois les retirer de leurs zones de travail, les rémunérer (quand même) avant de les réinvestir dans d’autres usines. Quasiment chaque action a un coût, que cela soit en point de commerce, en lingot d’or ou en ressource.

Il faut donc choisir soigneusement les actions à effectuer et tenter d’anticiper au mieux les futures qui nous aideront à se développer.

Si le but est de prendre l’ascendant sur l’adversaire, il faut savoir que vous pouvez tout de même commercer avec eux pour acheter des matériaux qui vous manqueraient. Il y a donc une sorte de coopération indirecte qui profite à tout le monde (sur le moment) et qui permet de débloquer certaines situations trop hasardeuses. Il ne faut donc pas hésiter à y recourir.

Pour le reste, l’accompagnement du jeu se fait en douceur. Toutefois, les règles peuvent vite s’accumuler, d’où le fait de garder une attention constante pour ne pas se laisser déborder. Le fait que le jeu soit assez pointu éloignera de fait une partie des joueurs, puisque tout le monde ne sera pas forcément emballé par ces mécaniques. Pour les autres, en revanche, Anno 1800 est un candidat idéal pour revivre les parties endiablées du jeu en version plateau.

Anno 1800 est un titre qui se veut destiné en premier lieu aux joueurs « un peu véner », comme on peut dire dans le jargon. Comprenez par là que même si le jeu accompagne bien les joueurs et que tout est expliqué clairement, les règles sont assez nombreuses et demandent une attention particulière. Ce n’est pas pour rien que le jeu possède la mention « IELLO Expert », qui est une sous-branche de la gamme pour signifier : « Ici, c’est pas la bonne paye, ok ?« .

Ceci étant dit, celles et ceux qui auront la patience et qui sont motivés à retrouver les mécaniques pointues du jeu vidéo éponyme y trouveront leur compte. Le titre reste palpitant et se développer procure une sensation très satisfaisante. C’est très réussi de ce côté-là, puisque le challenge reste à la hauteur et pose une très bonne ambiance de jeu.

Là où je parle d’une certaine motivation pour se faire une partie, c’est que ces dernières durent en moyenne deux heures, et qu’on en ressort généralement assez lessivé. Content, fier et ravi, mais lessivé. Il s’agit donc d’un titre qui ne conviendra pas à tout le monde, mais qui ravira assurément les fans de la licence et celles et ceux en recherchent d’un bon jeu de stratégie qui prône le coopératif indirect. Donc pour ma part, c’est une très bonne adaptation qui colle aux codes de la licence et qui, en sus, tente de l’ouvrir un tout petit peu plus à un large public.

Conclusion

Anno 1800 est une excellente adaptation du jeu vidéo dont il s’inspire. Toujours aussi pointilleux, mais en essayant de s’ouvrir un peu plus à tous, il propose une expérience intense, quoique délicate. C’est un jeu qui demande une certaine motivation pour assimiler ses règles et ses subtilités. Cet aspect pourra peut-être rebuter les errants qui ne rechercheraient qu’une expérience simple et rapide, et qui se heurteront ici à une aventure longue et intense qui demande de s’investir sur le long terme. Certes, il peut parfois dérouter, mais une fois que les codes sont assimilés, on profite alors de parties excellentes, avec leurs lots de rebondissements et de satisfaction lorsque l’on réussit à bâtir son empire financier. Un très bon jeu donc, qui ne séduira pas tous les publics, mais qui saura trouver sa public chez les aficionados de stratégie avec challenge.

Auteur

Rédacteur lambda, simplement passionné par le jeu vidéo. J'avais déjà un pad dans le ventre de ma mère et je suis né en avance grâce à un cheat code.

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